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Renforcement de la ZFE à Lyon : concertations mouvementées

L’objectif des élus écologistes de la Métropole de Lyon visant à bannir les véhicules diesel de la Zone à Faible Émission dès 2026 suscite toujours autant de polémiques parmi les habitants. Malgré une large phase de concertation entre les acteurs concernés et les parties civiles, les écologistes annoncent déjà l’interdiction de circuler des véhicules particuliers classés Crit’Air 5 et non classés dès 2022 ainsi qu’une possibilité d’extension de la ZFE, jusqu’ici cantonnée à Lyon, Caluire, Villeurbanne, Bron et Vénissieux.

En effet, si cette mesure ne concernait jusqu’ici que 4% des véhicules particuliers, elle s’appliquera à environ 75% des véhicules en circulation dans la Métropole de Lyon d’ici 2026. Les concertations du moment, intégrées au dispositif général de la ZFE, visent à recueillir l’opinion du public sur l’efficacité, la faisabilité et surtout l’acceptabilité des objectifs de ladite politique qui a du mal à passer auprès des automobilistes.

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Pour Jean-Charles Kohlhaas, vice-président écologiste en charge des déplacements dans la Métropole de Lyon, la nécessité d’assainir les métropoles françaises, et en particulier la ville de Lyon qui se positionne ici comme un précurseur du développement durable, est avant tout une obligation vis-à-vis de l’Europe ainsi qu’une question de santé publique.

Les prochains débats entre les élus lyonnais et les représentants de la société civile visent ainsi à déterminer le bien fondé du calendrier et du périmètre de la ZFE ainsi qu’à définir des mesures complémentaires censées satisfaire toutes les parties impliquées dans la mise en œuvre de cette politique.

Les principaux points qui divisent les protagonistes

Les élus écologistes placent les voitures diésel dans leur ligne de mire du fait que celles-ci produisent 95% du dioxyde d’azote rejeté dans l’atmosphère urbaine. Pour d’autres, les interrogations doivent se porter sur les critères de la ZFE en matière de pollution de l’air ambiant dont particulièrement concernant le rejet de CO2.

D’un autre côté, les inquiétudes des parties civiles portent plus spécifiquement sur le transport en général. Les statistiques démontrent que 60% des déplacements en voiture dans la métropole se font sur une distance de moins de 3km ce qui implique, selon les élus verts, d’envisager des solutions comme l’autopartage et le covoiturage ou encore la marche et le vélo.

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Pour les transporteurs et les constructeurs de poids-lourds, dont plus de 100.000 voitures seraient concernés par la mesure, entamer une transition vers l’électrique semble inévitable malgré de vives critiques sur le déclenchement prématuré des réformes.

Les questions de mesures d’accompagnement et de mesures de dérogation sont sur toutes les lèvres aux vues des nombreuses interrogations soulevées par les experts ayant participé aux premières phases des concertations dont entre autres des historiens, des entreprises de transport, des médecins ou encore des juristes.

Une opposition à la ZFE qui dénonce une mise en place ubuesque

La mise en place de la ZFE lyonnaise ne se fera pas sans heurts tant les parties prenantes sont nombreuses et les enjeux divers. Les opposant de la première heure à la ZFE lyonnaise dénoncent notamment le report à venir de la circulation à l’extérieur de la ZFE : les véhicules interdits continueront d’affluer vers la ville en la contournant pour essayer de se garer dans l’une des zones autorisées, favorisant ainsi une congestion encore plus importante des certains axes clefs de la métropole.

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Les opposants dénoncent aussi un dispositif partial, injuste, voire inconstitutionnel en limitant la faculté de déplacement de nombreux foyers et bien souvent des foyers les plus modestes ne pouvant se permettre un remplacement de véhicule, même subventionné. Encore, lorsque qu’un foyer décide d’investir en faveur de la neutralité carbone de son logement (isolation, panneaux photovoltaïques…), on lui interdit de se déplacer de façon épisodique avec son véhicule ancien alors même que ce foyer affiche un bilan carbone relativement faible.

Les automobilistes lyonnais ont déjà l’impression de payer un lourd tribut pour pouvoir conduire dans la métropole : une carte grise qui coûte parfois très cher en incluant la taxe CO2 lors de l’achat d’un nouveau véhicule ou d’un changement de titulaire sur le marché de l’occasion, mais aussi un coût des assurances en hausse, et une raréfaction des places de parking gratuites en centre-ville.

De nombreux groupes d’oppositions s’organisent et, au delà de la concertation citoyenne organisée par la Métropole, prévoient des actions coup de poing sur les axes de circulations, mais aussi le recours au volet juridique en s’octroyant les services d’un avocat automobile à Lyon pour faire valoir leurs droits.

Intensification des mesures liées à la ZFE lyonnaise

Depuis janvier 2020, le stationnement et la circulation des véhicules légers et des poids lourds les plus polluants, dont les Crit’Air 3, 4 et 5, sont interdits au sein de la ZFE de Lyon. Cependant, la majorité des élus verts estiment que cette mesure n’a eu qu’une faible incidence sur l’amélioration de la qualité de l’air. C’est pourquoi le Conseil métropolitain a décidé en mars 2021 d’intensifier la ZFE aux véhicules particuliers afin d’aboutir en 2026 à un périmètre central uniquement réservé aux véhicules Crit’Air 0 et 1.

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Dans cette optique, de nouvelles concertations, censées durer jusqu’en février 2022, porteront sur le développement de solutions de mobilité adaptés à tous, sur les circonstances pouvant aboutir à des dérogations de circulation, sur les aides à l’achat de véhicules moins polluant ou encore sur les périmètres géographiques et le déploiement des interdictions.

Principes et déroulement des concertations

Au programme des nouvelles concertations citoyennes sur la ZFE à Lyon, des dialogues seront ouverts entre un panel représentatif de la population et les élus de la métropole sous l’égide de deux garants de la Commission Nationale du Débat Public.

Les manifestations prévoient notamment deux réunions publiques en ligne, trois ateliers thématiques en ligne ainsi qu’une vingtaine de rencontres mobiles dans l’espace public. Pour s’assurer d’un dispositif inclusif et transparent, une plateforme numérique sera mise en place pour recueillir l’avis des citoyens et une vingtaine de participants civils tirés au sort pourront s’exprimer librement sur la mise en place de la ZFE.

Les principaux objectifs de la concertation

Le principal point saillant des concertations sur la ZFE sera d’établir des alternatives pertinentes, viables et inclusives à la voiture individuelle. Dans une autre optique, les débats tendent également à déterminer comment aider les particuliers à acquérir des véhicules moins polluants. Ainsi, un large focus sur les moyens de transport collectif est à prévoir avec à la clé le développement de nouveaux projets et services de mobilité alternatives pour l’horizon 2026.

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Les interventions s’articulent ainsi sur l’état de l’offre de transport collectif actuelle avec pour points centraux les performances des réseaux de transport collectifs existants, les tarifs à développer et à maintenir ou encore les services à améliorer. Pour pallier la hausse prévue du nombre de citoyens empruntant les réseaux de transport collectif, l’ouverture de 4 nouvelles lignes de tramway et d’une ligne de transport par câble sont envisagées parallèlement à l’augmentation de la capacité des lignes de bus. Des voies réservées aux transports en commun sont également en cours de développement au niveau des autoroutes A-43, A-42, A-46 ou encore A450. Le projet prévoit aussi la mise en place d’un tarif unique pour les TER et TCL.

À la suite des concertations, des expérimentations seront menées sur l’amélioration du système de covoiturage, le copartage et la location de voitures plus écologiques en libre-service, l’utilisation de véhicules cyclables ou encore l’augmentation des places de stationnement en centre ville et proche banlieue.

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