Le verre : figure de proue du développement durable à Lyon
Portée par la loi sur l’économie circulaire et l’interdiction à venir des emballages plastiques à usage unique, les acteurs lyonnais institutionnels, privés et associatifs, ont l’ambition de remettre le matériau verre au premier plan des actions locales visant à enrayer le fléau des déchets d’emballages.
Les objectifs des principales politiques écologiques menées en France durant ces dernières décennies, dont le développement durable ou encore l’économie circulaire, révèlent l’importance de réduire au maximum les déchets produits par la consommation humaine. Cette initiative s’appuie sur divers domaines sociopolitiques, qui n’ont pas forcément les mêmes champs d’action, dont l’énergie, l’éducation, l’industrie, la participation citoyenne ou encore l’éco-responsabilité. L’un des objectifs clés de la politique nationale en terme de développement durable est de réemployer 10% des emballages en circulation à l’horizon 2027.
Le verre est trié et collecté depuis plus de 35 ans en France et lorsque 10 bouteilles sont produites environ 7 sont recyclées. Ce matériau lavable et réutilisable à l’infini (ou presque) suscite notamment de nombreuses perspectives de coopération entre les consommateurs, les autorités publiques et les industries du verre d’emballage pour tenir l’objectif de réemploi des emballages fixé par le gouvernement.
La ville de Lyon est, depuis la période du Haut-Empire, fortement liée à l’industrie du verre et à sa consommation, comme l’attestent les nombreux vestiges d’ateliers de verrerie découvertes dans la cité antique de Lugdunum. De par son positionnement stratégique au cœur des voies fluviales et terrestres, la capitale des Trois Gaules fût une véritable plaque tournante du commerce et de la distribution d’articles en verre avec de nombreux ateliers installés sur le quai Saint-Vincent (rive gauche de la Saône).
De nos jours, la région Auvergne Rhône Alpes est le troisième plus gros site tricolore de production du verre. Avec une filière particulièrement dynamique et une conscience politico-écologique qui se réveille, Lyon a tous les atouts pour (re)devenir la place forte du verre en France.
Les débats suscités par la gestion du verre à Lyon
Pour les autorités de la ville de Lyon, le lavage et le réemploi du verre semblent être les solutions écologiques par excellence du fait qu’ils permettent à la fois d’économiser de l’eau et de l’énergie tout en évitant l’accroissement des rejets de gaz polluants dans l’atmosphère.
D’un autre côté, le recyclage du verre vise particulièrement à améliorer les système de collecte et de tri des bouteilles en verre pour alimenter le secteur de la verrerie industrielle tout comme celui de la verrerie artisanale et décorative. Ce qui représente entre autres un atout pour la création d’emploi et pour la promotion de la culture et de l’artisanat local.
C’est aussi dans cette optique que de vifs débats sur la généralisation de la consigne du verre sont relancés par certains élus verts et des associations lyonnaises militantes, dont Rebooteille.
Ces débats soulèvent bon nombre d’initiatives et mesures comme la création d’une consigne appliqué sur le prix de vente des boissons embouteillées dans du verre afin d’éviter la destruction des bouteilles et leur rejet dans l’environnement, mais encore l’allocation d’aide et d’appui aux acteurs du lavage, du triage et du réemploi des bouteilles en verre ou encore le reconditionnement des bouteilles en verre pour la fabrication de nouveaux objets ou leur utilisation en tant que matière première pour l’industrie ou le BTP…
D’après les statistiques, un lyonnais utilise en moyenne 20,5 kg de verre par an alors que la proportion de verre recyclé est en nette diminution. Plusieurs phénomènes sont en cause dont entre autres le désintérêt pour le tri, la collecte et la réutilisation des bouteilles en verre. L’association lyonnaise Consilyon milite pour sensibiliser et éduquer les lyonnais aux gestes responsables à prendre pour éviter la propagation des bouteilles en verre ainsi qu’aux tendances du recyclage et de l’upcyclage.
Les principaux produits de la verrerie lyonnaise
Les ateliers de verrerie lyonnaises produisent une grande diversité d’articles en verre utilisés entre autres dans l’équipement de laboratoire, dans la restauration, dans l’industrie alimentaire, dans le bâtiment, dans l’industrie cosmétique ou encore dans l’artisanat et la décoration.
Les secteurs de l’alimentation et de la restauration sont les plus actifs dans l’utilisation de divers récipients en verre dont entre autres les assiettes, les tasses, les carafes, les bocaux, les bouteilles ou encore les gobelets… Par ailleurs, les grandes usines de verre de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, troisième site de l’industrie du verre en France, produisent la majeure partie des bouteilles en verre utilisées dans le packaging des boissons de grande distribution.
Ainsi, deux types d’acteurs s’opposent nettement dans la production d’objets en verre dont les grands industriels et les ateliers artisanaux, qui sont plus orientés vers des produits artistiques, designs et haut de gamme. Ces ateliers de verrerie contribuent à leurs façons aux objectifs des politiques écologiques relatives à la gestion du verre en renforçant ses valeurs humaines, en lui attribuant des fonctions esthétiques ou encore en lui trouvant de nouveaux débouchés.
Vetroelite : design et production de packaging haut de gamme
Si l’entreprise n’est pas lyonnaise, elle mérite mention car elle représente l’un des nouveaux visages de la filière verre : la société Vetroelite produit des articles de packaging en verre haut de gamme et au design particulièrement tendances qui a déjà séduit de nombreuses maisons de parfumerie, embouteilleurs ou vignobles de prestige.
Adossée à un bureau d’étude de création, la société conçoit et produit une large variété d’articles en verre : bouteilles de spiritueux, bouteilles d’huiles ou de vinaigres haut de gamme, toutes sortes de récipients, bocaux alimentaires, Pot en verre, des bouteilles de vin ou encore des flacons de parfum à l’esthétique tout à fait singulière. À l’échelle industrielle, les produits Vetroelite démontrent que le verre peut devenir le nouvel emballage du futur en alliant qualité, esthétisme et écologie.
En B2B, la filière verre doit aussi faire le pari de séduire les professionnels lyonnais qui n’utilisent que trop peu ce matériau au profit des plastiques et dérivés. Notamment dans l’hôtellerie-restauration où le plastique a largement remplacé le verre pour stocker ou conditionner les denrées alimentaires, et ce malgré les nombreux scandales alimentaires liés à la nocivité du polyéthylène, du bisphénol A…
Au sein du bureau de conception de la marque, les luxueux flacons destinés au secteur de la parfumerie côtoient aujourd’hui les bocaux et récipients alimentaires, de toutes formes et de toutes tailles. Ils se destinent tout autant à un usage professionnel que privé.
Car dans la cuisine des particuliers, c’est aussi le même combat qui se joue : éduquer le consommateur lambda qui a depuis longtemps cédé aux sirènes du plastique, moins cher qu’un produit comparable en verre à l’achat. Et pourtant… Les contenants en verre sont plus durables que le plastique. S’ils peuvent, certes, se briser, ils ne se détériorent pas et permettent une bien plus grande souplesse d’utilisation que leurs homologues en plastique : congélations, passage au four, au micro-ondes, au lave-vaisselle…
Le fabricant dont le cœur de métier demeure le design verrier a développé des techniques de pointe pour répondre à une demande grandissante des producteurs qui ne voient plus seulement le contenant verre comme un simple emballage : le marché du verre se premiumise, et le fabricant verrier développe des technologies permettant la création de modèles personnalisés et distinctifs.
L’emballage verre a le vent en poupe et la tendance devrait perdurer, l’enjeux est maintenant de pouvoir customiser, décorer, sublimer les emballages de verre pour servir le marketing produits et ainsi remplacer les emballages traditionnels qui, s’ils polluent ont la capacité d’être hautement personnalisés et distinctifs pour attirer l’oeil du consommateur. Cette nouvelle donne s’applique aussi bien dans les linéaires que chez les cavistes, les parfumeurs ou encore dans les épiceries fines où le contenant a presque autant de poids que le contenu.
L’Art-Elier : l’atelier de verre du Vieux-Lyon
Installé au niveau de la rue du Boeuf depuis une vingtaine d’années, l’atelier de verre de Julien et Stéphanie Pitrat crée des objets d’art et d’artisanat uniques et colorés. Plusieurs grandes enseignes de restauration du Vieux-Lyon y ont notamment confectionné leurs devantures, leurs vitraux ou encore leurs vitrines. L’entreprise confectionne des pièces sur mesure, dont des lustres, des miroirs, des objets décoratifs ou encore des luminaires. L’Art-Elier nous montre que le verre est un matériau noble et beau tant qu’on se donne les moyens et la peine de le travailler.
L’atelier Vitrail Le Cygne : confection et réparation de vitraux
Situé au numéro 23 rue Professeur Weill, ou plus précisément dans le quartier de Brotteaux au cœur du 6ème arrondissement de Lyon, l’atelier le Cygne se spécialise dans la conception et la restauration des vitraux.
Dirigé par Myriam Boulay, maître verrier et artisan d’art, l’atelier le cygne propose des bijoux, des vitraux, des objets de décoration, des objets pour l’art de la table ou encore des luminaires confectionnés à partir d’éclats de verre.
L’enseigne propose également de réhabiliter et de restaurer différents types de vitraux incluant la pose pièce par pièce du verre, le nettoyage, la découpe des pièces endommagées, le choix de verres ou encore la restructuration du vitrail.
L’activité de l’Atelier le Cygne atteste que le verre est présent dans la plupart des activités humaines sans pourtant être une source continue de pollution. Au contraire, le verre peut être une matière première et une source de travail pour un grand nombre d’artisans dans des secteurs très variés.
Des solutions à envisager pour une meilleure gestion du verre à Lyon
Des initiatives doivent être mises en place pour améliorer le système de collecte du verre comme établir une meilleure communication entre la population et les professionnels de la verrerie artisanale. D’un autre côté, les actions de sensibilisation doivent être intensifiées pour permettre à la population de mieux saisir les valeurs du verre et les impacts de son rejet dans l’environnement.
En somme, le verre, dont l’incidence sur la transition écologique est souvent minimisée, peut largement devenir une solution pérenne contre la multiplication des packagings éphémères destinés à être jetés. Il suffirait pour celà d’éduquer les consommateur sur ses atouts dont sa durabilité, son esthétique, sa praticité ou encore sa malléabilité.
En Février 2021, le média écologique Reporterre signait une chronique lyonnaise sur le retour de la consigne de verre dans la métropole et les acteurs clés de cette filière : Consilyon (association militante prônant le retour de la consigne verre) et Rebooteille (qui concrétise cette volonté) font état du terrible gâchis qui freine la démocratisation des bouteilles en verre chez les professionnels de la restauration.
Pour eux, la seule alternative possible est le recyclage alors que contrairement à ce que propose le gouvernement pour la filière, dans la grande majorité des cas, le verre ne nécessite aucun processus de transformation pour pouvoir être réemployé.
Un gâchis incroyable pour des milliers de tonnes de bouteilles et bocaux en verre qui sont perpétuellement détruits pour être refabriqués alors qu’un simple lavage s’avère suffisant pour offrir aux contenants en verre une nouvelle vie.
C’est la solution à laquelle œuvre Rebooteille : la création d’unités de lavages partout sur le territoire pour permettre un réemploi massif, à moindre coût, et donc une démocratisation bien plus large de l’usage du verre auprès des professionnels lyonnais.