Lyon : cuisines en héritage, quand l’architecture nourrit l’aménagement
Lyon offre un fascinant patchwork d’ambiances : des ateliers de soierie de la Croix-Rousse aux traboules médiévales du Vieux-Lyon, des immeubles Art déco des Brotteaux aux bâtiments futuristes de la Confluence. Toutes ces strates racontent un art de vivre qui se prolonge naturellement dans la pièce la plus fréquentée de la maison : la cuisine.

Explorer les tendances culinaires à travers quatre quartiers, c’est s’interroger sur la façon dont l’ADN urbaine façonne nos espaces intérieurs. Chaque quartier possède ses volumes typiques, ses matériaux, sa lumière... Tout autant de repères patrimoniaux qui orientent le choix des couleurs, des rangements, mais aussi des équipements.
Nous proposons ici un tour d’horizon inspiré des styles architecturaux lyonnais : l’atelier bohème de la Croix-Rousse, le charme Renaissance du Vieux-Lyon, l’élégance Art déco des Brotteaux et l’avant-gardisme high-tech de la Confluence. Au-delà de la simple décoration, chaque ambiance révèle une manière d’habiter, de cuisiner, de recevoir.
Le voyage débute route de Paris, dans le showroom du magasin ixina de Champagne-au-Mont-d’Or. Pensé comme un atelier de conception, l’espace expose îlots modulables à taille réelle, plans 3D, échantillons Dekton, chêne patiné, laques pastel... Ici, expertise humaine et logiciels ajustent dimensions, rangements et quincailleries, chiffrent aussitôt le budget, garantissent dix ans les meubles et programment la pose. De cette boussole locale naît chaque cuisine inspirée par les quatre quartiers lyonnais.
Croix-Rousse : l’atelier bohème urbain

Ancienne « colline qui travaille », la Croix-Rousse porte encore les traces des canuts : plafonds vertigineux, poutres massives, baies hautes baignées de lumière. Dans ces volumes bruts, la cuisine idéale reprend le langage de l’atelier : planchers en bois clair patiné, murs de brique blanchie, verrière intérieure qui isole sans enfermer.
La palette s’appuie sur trois contrastes : béton ciré ou gris perle pour la toile de fond, bois recyclé aux veines apparentes sur les plans et touches noir mat (poignées, luminaires, piétements) pour souligner la structure. Quelques notes ocre ou vert profond évoquent les pigments naturels jadis utilisés dans la teinture des soies.
L’équipement doit rester aussi pragmatique qu’inspiré : îlot central épais, large évier timbre, plaque induction multi-zones et hotte de plafond discrète pour dégager la vue. Les rangements se veulent ouverts et modulables : étagères en tube acier pour bocaux d’épices, tiroirs profonds compartimentés pour gros faitouts, barres magnétiques laissant couteaux et ustensiles à portée de main. Suspensions métal filaires, tabourets hauts en bois tourné et mur végétalisé complètent cette atmosphère créative où l’on cuisine, bricole, partage un verre… le tout dans un esprit loft chaleureux et convivial, fidèle à l’âme artisanale de la Croix-Rousse.
Vieux-Lyon : le chic classique réinterprété

Niché dans ses ruelles pavées et ses traboules Renaissance, le Vieux-Lyon respire une noblesse tranquille que l’on transpose ici dans une cuisine élégante, respectueuse de la pierre séculaire sans sacrifier au confort moderne. On mise sur des façades en chêne ou noyer patiné, encadrées de moulures fines pour dialoguer avec les plafonds à la française et les voûtes d’origine.
Les murs se parent d’ivoire poudré ou de gris perle afin d’éclaircir des volumes souvent intimistes, tandis qu’un plan de travail en quartz clair et une crédence en carreaux artisanaux ton-sur-ton reflètent la lumière douce des fenêtres à petits bois. Le robinet col de cygne en laiton patiné surplombe un évier timbre, la hotte se dissimule sous un linteau bois, et l’électroménager disparaît derrière des portes cadre-à-queue : four vapeur, cave à vin, réfrigérateur encastré.
À portée de main, un plateau coulissant pour la pâtisserie, un tiroir secret garni d’épices et une prise escamotable incrustée dans le plan facilitent les gestes du quotidien. Quelques appliques lanterne en laiton, un bouquet d’herbes aromatiques en pots de terre cuite et un rideau de lin lavé viennent adoucir l’ensemble.
Brotteaux : l’élégance contemporaine version Art Déco

Au cœur du 6ᵉ arrondissement, entre boulevards arborés et façades Art Déco, les appartements des Brotteaux respirent la sophistication discrète : larges fenêtres, moulures géométriques, parquet point de Hongrie.
La cuisine qui en émane joue le même registre : façades laquées gris perle ou blanc chaud rehaussées de lignes dorées ou d’acier brossé, plan de travail en quartz nuageux prolongé d’un petit snack escamotable, crédence marbre clair veinée de gris. Les volumes équilibrés invitent à des meubles « slim » à ouverture push-pull, un réfrigérateur affleurant et un four vapeur silencieux dissimulés derrière un alignement parfait.
Au centre, un îlot basse hauteur au chanfrein élégant fait office de scène culinaire et de comptoir à champagne, éclairé par une suspension linéaire verre opalin qui rappelle les luminaires paquebot des années 1930. Quelques touches pastel – un tabouret vert d’eau, un vase en verre dépoli – réchauffent l’atmosphère sans troubler la palette chic.
Les détails fonctionnels se mettent au diapason : tiroirs latéraux compartimentés pour couverts argent, colonne « garde-manger » à étagères pivotantes, prises escamotables gainées laiton pour brancher robot et bouilloire sans nuire à la pureté des lignes. Une sorte de luxe feutré, pensé pour recevoir élégamment tout en offrant une ergonomie irréprochable, fidèle à l’esprit Art Déco modernisé des Brotteaux.
Confluence : le design high-tech multifonctionnel

Au sud de la Presqu’île, l’ancien port fluvial s’est mué en éco-quartier futuriste : cubes de verre coloré, quais végétalisés, passerelles suspendues. Dans cet univers avant-gardiste, la cuisine devient un hub technologique où l’esthétique minimaliste rencontre la modularité.
Les façades extra-mates, blanc velours ou anthracite profond, s’alignent sans poignées, un îlot XXL en Dekton gris orage concentre cuisson, évier, coin snack et surface de coworking, tandis qu’un plan escamotable glisse pour offrir un bar petit-déjeuner. La crédence miroir bronze diffuse la lumière naturelle des baies vitrées sur un sol béton poli.
Tout l’électroménager est connecté : plaque induction à commande gestuelle, four à intelligence embarquée, hotte encastrée silencieuse, frigo à double porte vitrées opalescentes qui affiche la température sur demande vocale. Les rangements suivent la cadence : tiroirs tri-déchets à ouverture pied, colonnes motorisées où les étagères descendent à hauteur de main, colonne-épicerie pivotante. Un ruban LED réglable en chaleur couple éclairage fonctionnel et scénographie, tandis que des prises USB-C sont intégrées dans le chant du plan pour charger tablettes et smartphones. Quelques tabourets tulipe pivotants, un pot de basilic hydroponique et une station de recyclage compacte rappellent l’engagement durable du quartier.
Résultat : une cuisine fluide, évolutive, taillée pour cuisiner, télétravailler, partager un brunch connecté ou accueillir un apéro prolongé, le tout dans une logique d’entretien la plus minimaliste possible.