Les comptoirs d’or lyonnais face à la vague Belge
Depuis quelque temps, les comptoirs d’achat et vente d’or traditionnels de la Métropole de Lyon ont fort à faire avec la multiplication des plateformes numériques de vente d'or en Belgique, en Suisse ou en Allemagne, qui proposent des prix d’achats plus intéressants que dans l’hexagone, des paiements en liquide ou encore 0% de taxes.
Avec la flambée du cours du lingot d’or d’1kg, qui est aujourd’hui estimé autour de 58.700 € auprès des comptoir lyonnais conventionnels, de nombreux entrepreneurs ou particuliers cherchent à investir en rachetant ou en vendant des lingots, des pièces d’or ou encore des bijoux dans des pays européens limitrophes, où le climat fiscal permet de dégager plus de marges et de bénéfices. Bien souvent, cette pratique s’affranchit des règles fiscales réellement applicables alors que de nombreux vendeurs omettent de déclarer la vente une fois rentrés en France. La taxe n’est donc jamais payée et la différence reste dans la poche du vendeur mais met à mal les comptoirs locaux du lyonnais qui eux ne combattent pas avec les mêmes cartes en main.
À la différence du marché lyonnais, où la Contribution pour le Remboursement de la Dette Sociale s’élève à 0,5% et celle de la taxation sur la plus-value (TPV) à 34,5% du montant du gain avec une preuve de transaction à l’appui, les négociants belges, suisses et allemands ne sont assujettis à aucun prélèvement sur les opérations. D’un autre côté, les transactions d’or inférieures à une valeur de 10.000 €, qui ne nécessitent aucune pièces d’identité ni déclaration auprès des services de douane, peuvent être sujets à une taxe forfaitaire sur les métaux précieux (TFM) équivalant à 11% du prix de vente une fois arrivées sur le sol national ou même à une amende s’élevant jusqu’à 50% de la valeur du bien dans le cadre d’un transport illégal.
Pour se mettre au niveau des plateformes numériques, les comptoirs physiques de vente et d’achat d’or de Lyon, qui ont l’interdiction de payer en cash, doivent mettre en avant des services de proximité comme la sécurisation de la tractation et bien évidemment de sa légalité mais surtout offrir une expertise facilement accessible et la gratuité dans l’estimation des prix ou encore la mise à disposition de conseils en investissement.
Comment s’explique la différence de la valeur de l’or ?
Alors que la majorité des comptoirs physiques du lyonnais appliquent un cours conforme à la valeure nationale de l’or et à celui de la bourse mondiale, en anticipation notamment des TVA, les comptoirs belges affichent des lingots d’or d’1kg à 58.430€, les comptoirs allemands à 58.347€ et les comptoirs suisses à 58.540€. Outre une différence de prix d’achat estimée entre 140 à plus de 330€ par kilo, certains négociants peu scrupuleux de pays frontaliers trouvent même le moyen de contourner le fisc en effectuant un versement initial en liquide de 10.000€ (c’est la limite autorisée pour ne rien à avoir à déclarer aux douanes) et des versements complémentaires réalisés par chèque.
En dehors de l’évaluation du pourcentage d’or fin (carat) dans un alliage ou de la qualité d’une marque de fabrication (Valcambi, Degussa, Crédit Suisse, PAMP…), la valeur de l’or est un facteur subjectif, qui fluctue constamment selon les lois de l’offre et de la demande. Permettant d’économiser plus de 20.000€/par kilo en taxe, l’achat et la vente d’or en Belgique, où les réserves sont estimées à plus de 3.000 tonnes, permet de réaliser des bénéfices conséquents et attire de plus en plus d’investisseurs et de négociants d’or lyonnais.
Les atouts des plateformes numériques de vente et d’achat d’or
Toujours plus loin, de nombreux comptoirs belges et européens se digitalisent et rendent encore plus attractifs leurs services de vente d’or face aux comptoirs physiques locaux en permettant aux lyonnais de bénéficier d’un service d’estimation gratuite et sans engagement à distance.
Encore, il devient aujourd’hui possible de réaliser une transaction de bout en bout sans devoir se déplacer à plusieurs centaines de kilomètres tout en bénéficiant de l’atout choc belge : avec un service de livraison sécurisé type Fedex et un paiement par virement bancaires en 24h ainsi qu’une prise en charge des frais d’envoi ou de retour, ces neo-comptoirs proposent à toute l’Europe de céder aux sirènes de l’or belge en gommant tous les désagréments de la distance.
Si certains caractérisent déjà la Belgique de nouveau paradis-fiscal européen et en l’absence de toute possibilité de régulation à court terme, les comptoirs locaux du lyonnais devront se réinventer à travers de nouveaux services et expertises pour survivre à ce marché aux dés pipés.